Le Verdouble
Au pied de chez moi, coule une rivière : Le Verdouble.
« Pas d’eau dans le vin!… » s’exclame Lulu, mon vieux copain vigneron à la retraite, quand je lui fais part de mon intention de créer le « Domaine du Verdouble ».
Et pourtant, le vin est aussi une histoire d’eau…
Le Verdouble, tire son nom d’un substrat gaulois, le «ruisseau des aulnes » (vernos / aulnes et dubron / ruisseau). Rivière impétueuse, indomptée et indomptable, le Verdouble a façonné le massif des Corbières, creusant la roche, dessinant des gorges, depuis sa source, à Cubières jusqu’à Estagel où il rejoint l’Agly. Son caractère torrentiel a dessiné les paysages et accompagné l’Histoire des Hommes de ce pays, depuis la lointaine Préhistoire (la Cauna de l’Arago à Tautavel) jusqu’à nos jours. Le long de ses rives, garrigue, chênes, genêts, figuiers, oliviers, amandiers, colorent aujourd’hui le Pays de Cucugnan. Il y eut le blé, l’huile d’olive (de nombreux vestiges de moulins en attestent), et la vigne déjà durant l’Antiquité et le Moyen Âge.
Au travers des saisons qui passent, la vigne ponctue et façonne ce paysage méditerranéen. Elle y applique par touches successives ses palettes de verts, de jaunes, de bruns et de rouges. Accrochée à des pentes ou couvrant le creux des vallées modelées par le Verdouble, la vigne a constitué l’essentiel de la vie et du travail des hommes dans cet écrin des Corbières. Elle marque le paysage par sa présence mais aussi par son absence. On la devine encore à flancs de collines, vigne en terrasses, arrachée, abandonnée, disparue …. Mais jamais complètement invisible, elle laisse une empreinte durable. Elle se rappelle à nous, cachée par les buissons, la garrigue et la forêt. On la devine sans cesse, même là où elle n’est plus.